Comment partir en vacances cet été l'esprit léger, en étant sûr de retrouver ses plantes en bonne santé à votre retour ?

Pierre, les vacances approchent pour beaucoup d’entre nous. Vous dites souvent ici que le végétal est un être vivant dont il faut prendre soin. Comment faire pendant les vacances ? En particulier, que faire de ses plantes d’intérieur ? Bérengère, vous avez raison : pas de répit pour les bons soins à apporter aux plantes. Mais pour que vous preniez vos congés, bien mérités, l’esprit léger, nous allons voir aujourd’hui comment préparer au mieux nos plantes d’intérieur au chassé-croisé de l’été. Vous parlez de chassé-croisé. Concrètement, que fait-on ? On emporte ses plantes avec soi ?

Non. Mieux vaut ne pas déplacer les plantes. Le végétal est, à la différence de l’animal, un être immobile, par définition. Les plantes cultivées à l’intérieur s’adaptent à leur environnement, grâce aux bons soins du jardinier. En les déplaçant, vous modifiez leurs habitudes. Surtout, vous prenez des risques inutiles. Déjà, durant le transport, entre les bagages, votre animal de compagnie, vos enfants, vos parents, vos grands-parents, qui sais-je encore, les occasions d’égratigner vos plantes sont nombreuses. Et puis, votre lieu de vacances n’aura peut-être pas du tout les mêmes caractéristiques que votre appartement ou votre maison principale. Premier point, essentiel : la lumière.

La lumière. Que voulez-vous dire ? Si je peux me permettre, pouvez-vous nous « éclairer » ?

Excellent, Bérengère ! La lumière, vous le savez, est essentielle au végétal. C’est elle qui permet ce phénomène merveilleux qui en fait un être vivant : j’ai nommé la photosynthèse. Pierre, cela semble évident mais pourriez-vous nous rappeler ce dont il s’agit ? Pour faire court, la photosynthèse permet au végétal de se nourrir. Grâce à la lumière, il absorbe le CO2 de l’air et rejette de l’oxygène, qui nous aide à respirer. Il rejette aussi de l’eau, qui rafraîchit l’air ambiant. L’opération produit des matières organiques, des sucres, qui l’aident à se nourrir. C’est cette fameuse matière organique, vivante, créée à partir de gaz et d’eau, qui nourrit le sol lorsque la plante meurt et est compostée.

Wahou ! Alors, plus de lumière, plus de vie ?

Exactement. Priver de lumière votre plante est le plus gros danger que vous lui faites courir. Elle risque de ne pas survivre plus d’une semaine ! Cela est d’autant plus vrai en été, qui est une période de pleine croissance, autrement dit où la photosynthèse tourne à plein régime. Donc, lorsque vous partez en vacances, veillez à ne pas priver vos plantes de lumière, en respectant au mieux les besoins des unes et des autres. Ne tirez pas les rideaux, car vous les plongeriez dans le noir. Mais ne laissez pas non plus les plus sensibles trop près derrière la fenêtre, à la lumière directe : elles risqueraient entre guillemets « de griller ». Les plantes d’intérieur sont issues des régions tropicales du globe. Certaines, comme le fameux Philodendron monstera, une de mes plantes préférées, apprécient une lumière indirecte, car à l’origine, cette plante, une liane, s’épanouit sur les grands arbres de la forêt tropicale et capte la lumière déjà filtrée par leur feuillage des arbres. Si vous fermez les volets, regroupez vos plantes dans une pièce munie d’une fenêtre qui n’en a pas.

C’est-à-dire ?

Dans un logement, si on cherche bien, il y a souvent un point de lumière sans volet. Par exemple sous une fenêtre de toit, ou bien dans la salle de bain ou encore derrière le vasistas des toilettes. Vous pouvez même, certains le conseillent, les regrouper dehors, si vous avez la chance d’avoir un jardin. Dans ce cas, attention à bien trouver un endroit à l’abri de la lumière directe, par exemple sous un arbre.

Et puis, c’est tout ?

Non. Après la lumière, l’eau. La lumière, et maintenant l’eau.

N’est-ce pas un peu facile ? Allez-vous comme cela nous citer les 4 éléments ?

Je ne relève pas votre petite pique, car nos auditrices et nos auditeurs sont là pour écouter une chronique jardinage, pas une scène de ménage ! L’eau, donc, est indispensable. La première astuce peut être trouvée à l’écoute de cette bande originale de Raymond Lefèvre. Ecoutons plutôt.

Pierre, je crois reconnaitre la bande originale de la Soupe aux choux. Quel rapport ?  Des feuilles de chou pour protéger les plantes ? Je ne vous suis pas.

C’est normal, car c’est un peu tiré par les cheveux. Je veux ici parler de la soucoupe. Pas la soucoupe volante de la Denrée qui se pose dans la cour de Ferme du Glaude et du Bombé, dans le film de Jean Girault. La soucoupe, ici, c’est celle que l’on dispose sous les pots de ses plantes. Avant le départ, remplissez-la d’eau. L’eau humidifiera naturellement le substrat, autrement dit le terreau. Ça, c’est la veille ou le jour du départ : un bon arrosage avant de partir. Attention, ne laissez pas vos plantes dans la baignoire avec un fond d’eau, comme on peut le lire parfois : hormis peut-être les plantes aquatiques, les autres plantes n’apprécient pas d’avoir les pieds dans l’eau, leurs racines risquent de s’asphyxier. Autre solution, que vous avez peut-être déjà vue : la bouteille d’eau renversée. Il y a plusieurs techniques : percer un petit trou dans le bouchon, puis renverser la bouteille : l’eau devrait s’écouler progressivement. Il existe aussi des supports, en forme de pointe. Pour les plus bricoleurs, vous pouvez vous essayer au système des mèches. Le principe : un réservoir d’eau, une bassine ou un seau, dans lequel trempent des mèches, reliées chacune à un pot, dans le terreau. L’eau est conduite par capillarité par les mèches. Mais le mieux, c’est encore de préparer ses plantes à l’avance, quelques semaines avant les vacances.

Que voulez-vous dire ?

Trois semaines avant le grand départ, vous pouvez, si elles en ont besoin, rempoter vos belles vertes dans un terreau tout neuf. Utilisez l’ancien au jardin par exemple, pour éviter de créer des déchets et recycler au maximum cette matière vivante. Donnez aussi à vos plantes un engrais type plantes vertes et arrosez-les. N’arrosez ensuite que la veille ou le jour de votre départ, trois semaines plus tard, en remplissant un peu la soucoupe. Vous devriez être sereins pour trois semaines !

C’est tout ?

Oui, enfin presque.

Ah bon. Quoi d’autre ?

Le plus efficace, le plus sympathique aussi, c’est sans doute de solliciter ses voisins. Le végétal, ça fait du bien. Et ça crée du lien.

Merci pour ces bons conseils, Pierre. Mais dites-moi, aux Jardins de Gally, vous entretenez beaucoup de plantes, dans les entreprises, les hôtels. Il y a autant des petites plantes que de grands arbres. C’est la même chose : vous les préparez et vous partez tranquilles ?

Très bonne question. Nous préparons toujours les plantes à la saison qui arrive. En hiver, nous préparons le repos végétatif : pas d’engrais. En été, nous accompagnons leur croissance. Mais il n’y a jamais de vacance pour notre service. Les jardiniers se relaient, pour assurer une présence toutes les semaines, tous les quinze jours ou toutes les trois semaines, en fonction des conditions de vie des plantes. Je profite de cette chronique pour saluer Frédérique Pojolat, jardinière d’intérieur à Gally, qui prépare ses plannings d’été et m’a aidé à concocter cette chronique. Merci Pierre, je me sens un peu plus détendue.

Un dernier mot, pour la route ?

Vous allez rire, mais je dirais : envoyez un baiser à vos plantes en fermant la porte. Les plantes, ce sont comme les humains, des êtres vivants. Un peu de tendresse ne peut pas faire de mal. A commencer par vous-mêmes ! Bonnes vacances à toutes et à tous et bonnes vacances, Bérengère !